Voici Bianca. C’est une petite chèvre blanche. Elle est jolie mais très espiègle et son maître Anton a fort à faire avec elle! Chaque été, comme il fait très chaud dans la plaine, le troupeau part de la bergerie pour se rendre à la montagne. C'est la transhumance. C’est un grand évènement pour les chèvres mais aussi pour Anton le berger, Dumè son neveu et Tango le chien.
Le troupeau attend cela avec impatience car les prés en bas sont tout secs et pelés. Enfin! Le grand jour est arrivé. Anton et Dumè rassemblent les bêtes. Le berger dit à son neveu: « Surveilles bien Bianca et ses copines, Noiraude et Cabrette, car elles essaient toujours de se sauver et d’aller voir ailleurs. » « Ne t'inquiètes pas! Je les ai à l'oeil. »
Bianca est tout excitée: « Ca y est nous y sommes! Nous partons pour la fraîcheur. A nous l'herbe tendre! Nous allons nous régaler ! « Il était temps! J’en avais assez de râper la terre, j'en ai la langue toute sèche! » dit Noiraude. « Et moi donc! J’en rêve depuis des jours et des jours. A la pensée de retrouver l'herbe bien grasse, j'en tremble et ma barbichette frétille !, dit Cabrette.
« Bon, vous savez qu'Anton va certainement nous emmener au même endroit que l'année dernière. Pas question de partager le coin avec toutes les autres (car Anton a 80 chèvres). J’espère que vous vous souvenez où nous sommes allées l'année dernière? » « Oui, bien sûr! Tu nous prends pour qui ? Tu crois toujours être la seule à te souvenir ! »
Le jour se lève à peine sur la bergerie mais toutes les chèvres sont prêtes. Au coup de sifflet d'Anton, les voilà parties ! Elles sont si heureuses de partir respirer l'air des montagnes. Nos trois compères avancent mais elles restent ensemble car elles ont un plan pour s’éloigner du troupeau et se rendre dans leur petit coin rien qu’à elles. « Allez,les filles! Il va falloir être rapides si l’on veut échapper à la vigilance d'Anton et de Dumè car cette année ils nous ont à l'œil! » « Oui on le sait déjà ça! Tu nous le répète sans arrêt ! » dit Noiraude.
« Ne traînons pas. Ou nous allons nous faire remarquer ! » « Parle pour toi! Tu veux toujours aller voir ailleurs et, du coup, il ne t'arrive que des mésaventures… » « Oui c'est vrai, j'ai la bougeotte. Mais c'est quand même grâce à moi si vous découvrez d'autres lieux où personne ne va et où il y a à manger plus qu’il n’en faut. Si nous faisions tout à votre manière, nous en serions encore à suivre le troupeau ! »
Les chèvres arrivent dans une grande clairière. Anton et Dumè s'installent à l'ombre d'un grand chêne et, pendant ce temps, les trois copines préparent un plan d’évasion: « Toi, tu surveilles Dumè et moi Anton. Il faut profiter de leur pause pour leur fausser compagnie. » Tout à coup, Tango aboie, les deux bergers se lèvent en sursaut et vont voir ce qu’il se passe. Bien sûr, c'est le moment que saisissent Bianca, Noiraude et Cabrette pour filer et rejoindre leur petit coin de paradis.
« Ah ! Comme on est bien ici! On se sent comme les reines du monde! Personne n’est là pour nous siffler dessus et on a pas à jouer du sabot pour se faire une place ! » dit Noiraude. Bianca apprécie, elle aussi, mais elle veut déjà découvrir d’autres horizons et, tout en broutant, elle s'écarte encore un peu plus du chemin. Elle passe derrière la colline et se retrouve dans un endroit magnifique et sauvage. Tout à coup, il lui semble voir une ombre. « Anton m'avait pourtant dit de faire attention… Voilà le loup et je suis coincée! Il faut absolument que je trouve une solution. »
Bianca s’adresse au loup: « Coucou, mon gros loup, mon ami! Je pensais justement à toi, l'autre jour, en découvrant une nouvelle prairie avec mon berger. » Le loup n'en croit pas ses oreilles, ni ses yeux. Une belle chèvre dodue est là, devant lui. Et voilà qu’elle l'appelle « mon gros loup, mon ami ». « Comment m'as-tu appelé ? As-tu perdu la tête? Je ne vais faire de toi qu’une bouchée car je suis affamé! Je n’ai rien eu à me mettre sous les crocs depuis 2 jours. » hurle le loup furieux.
« Mais oui, tu es mon ami. Et je vais te le prouver! L’autre jour, avec mon berger, nous avons découvert un nouvel endroit avec un poulailler énorme, plein de poules rousses et blanches bien grasses. Un vrai régal pour un loup comme toi! » « Tu me racontes des carabistouilles. Je connais la vallée et il n'y a pas de poulailler. » dit le loup. « Mais c'est parce qu’il est tout nouveau. Tu sais, tu vas te régaler mais il faut que tu te dépêches car le fermier va électrifier la clôture et tu ne pourras plus passer."
En écoutant la chèvre, le loup s’y voit déjà: sa langue s'allonge et il a déjà le goût des poules dans sa gueule. Bianca l'observe, elle sent qu'il mord à l'appât. "Si tu ne m'as pas dit la vérité, je reviens vous manger toi et tes copines! Dis-moi vite où se trouve ce poulailler ! » grogne le loup. « Tu vois cette colline là-bas ? Tu la contournes puis tu auras, ensuite, une grande descente et c'est là. Je te souhaite un bon appétit!" dit Bianca en s’éloignant doucement du loup.
Le loup la regarde une dernière fois, mais, trop tenté par le festin qui s’offre à lui, il se met à courir en direction du poulailler. « Oh mon dieu! Je l'ai encore échappé belle! J’en tremble de la tête au pied! Mais, hi hi ! Je l'ai bien eu ce gros loup! Le poulailler, il n’est pas prêt de le trouver! »