Amelia Vol.1

Dublin, 13 octobre 1932 Il est 19h30, la journée est presque terminée. Les Dublinois quittent peu à peu leur travail pour retourner chez eux et rejoindre leur famille. Amelia O’Neill, elle, ne veut pas rentrer. Journaliste au Irish Independent depuis 3 ans, elle s’active pour terminer ce qu’elle considère être son article de référence, celui qui la fera connaître et fera d’elle une journaliste respectée. Cet article, qu’elle prépare depuis maintenant 3 mois, est un immense travail d’investigation portant sur l’étude des mystères de l’île de Pâques.

Amelia a passé la nuit à la rédaction du Irish Independent pour terminer son article à temps afin que celui-ci puisse être publié dans l’édition du week-end, consacrée aux grands articles d’investigation. Fière de son enquête, elle se rend au bureau de son directeur Colin Murphy pour lui demander de publier son article. Quelle n’est pas sa stupeur lorsqu’il lui annonce que son article ne sera pas retenu !

« Je te remercie pour ton travail Amelia, mais ce n’est pas un sujet que nous pouvons nous permettre de publier. Celui-ci n’intéressera personne ! Quand est-ce que tu comprendras que notre objectif est de vendre un maximum de papiers ? Il nous faut du clinquant, de l’extraordinaire, quelque chose de vraiment sensationnel ! Cet article, à l’image de tous ceux que tu as écris avant, ne répond à aucun de ces critères. Je suis désolé Amelia, mais tu ne respectes pas notre ligne éditoriale. J’en ai marre de te le répéter. Tu es virée ! »

C’est la douche froide, un véritable ascenseur émotionnel pour Amelia qui était si sûre de son coup. Dépitée, elle ne prend même pas la peine de récupérer les affaires de son bureau avant de s’en aller et file directement dans son lieu de refuge, l’immense bibliothèque de sa maison familiale. C’est là qu’elle s’évade en lisant de grands récits d’aventure qui la font rêver. Le problème, c’est qu’Amelia vient de réaliser qu’elle les a déjà tous lus ; plus rien ne pourra lui faire oublier ses soucis.

Frustrée et folle de rage, elle donne un violent coup de talon sur le sol en bois de la bibliothèque. Au moment de l’impact, elle sent une dalle se dérober sous son pied et entend un « CLIC » métallique ». Prise par surprise, elle tombe en arrière, sur le dos. En se relevant, elle voit la bibliothèque devant elle pivoter lentement pour laisser place à un long tunnel sombre…

Guidée par son sens inné de l’aventure, Amelia s’engouffre dans le tunnel, une lampe à huile à la main. Le passage est très humide et Amelia a la mauvaise surprise d’y rencontrer des rats et des chauves-souris. Mais il en faut beaucoup plus pour arrêter cette jeune femme courageuse. L’envie de découvrir ce que cache ce mystérieux tunnel l’emporte sur tout le reste. Au bout de celui-ci, Amelia découvre une pièce quasiment vide avec pour seule ornement une table. Intriguée, elle s’en approche et y découvre un grand sac de voyage en cuir. Ni une ni deux, elle ouvre le sac et sort tout ce qu’il contient : une boussole, une carte du monde, un compas et un mystérieux carnet…

Le cœur d’Amelia bat à toute vitesse, elle est exaltée par la découverte qu’elle vient de faire. Les mains tremblantes d’excitation, elle ouvre le vieux carnet duquel s’échappe un épais nuage de fumée qui la fait toussoter. Amelia se demande à qui peuvent bien appartenir ces objets, et elle éclaircit très rapidement ce mystère en feuilletant les pages délavées du carnet : elle y reconnaît l’écriture très particulière de son grand-père paternel Murphy O’Neill, grand explorateur du 19ème siècle ! Amelia ne l’avait rencontré que lorsqu’elle était enfant, mais elle avait appris à le connaître grâce aux lettres qu’il envoyait à ses parents et qu’elle lisait en cachette, à la lumière de la bougie.

Ses lettres restaient brèves et mystérieuses, mais laissaient deviner le récit d’un homme qui parcourait le monde à la recherche d’aventures. Amelia était impressionnée par le train de vie de cet homme, à tel point qu’elle décida de devenir journaliste pour vivre des aventures aussi palpitantes que les siennes. Et ce qu’elle allait découvrir dans ce carnet allait lui permettre de mener à bien cette extraordinaire ambition…