Un jour, alors qu’un corbeau survolait quelques récifs, il fut aperçu par quelques oiseaux de mer, perchés sur les rochers.
Ils se mirent à l’injurier, l’appelant de noms désagréables: « Eh, toi, mangeur d’abats ! Eh, toi, mangeur de charognes ! Eh, toi le tout-en-noir ! » jusqu’à ce que le corbeau se retourne et s’envole, criant « Gnak, gnak, gnak, pourquoi est-ce que vous m’appelez de tels noms ? »
Il s’envola loin au-delà de la grande mer jusqu’à ce qu’il arriva à de l’autre côté, s’arrêtant sur une montagne. Juste devant lui, il y avait un terrier de marmotte. Il se dit, « Si c’est une disgrâce de manger des animaux morts, je ne mangerais que des animaux vivants. Je deviendrais meurtrier. » Il se tint devant le trou, regardant. Et bientôt la marmotte rentra chez elle, portant de la nourriture.
La marmotte dit au corbeau: « S’il-te-plaît, décale-toi; tu es juste devant ma porte. » « Ce n’est pas mon intention de me décaler, dit le corbeau, on m’appelle mangeur de charogne, et je vais leur montrer que je ne le suis pas, donc je vais te manger. » « Si tu vas me manger, tu devrais d’abord me faire une faveur, répondit la marmotte. J’ai entendu dire que tu es un très bon danseur, et je souhaite tellement te voir danser avant de mourir. Si tu danses aussi gracieusement qu’on le dit, je serais prête à mourir une fois que je t’aurais vu. Si tu danses, moi je chanterais, et puis tu pourras me manger. »
Le corbeau en fut tellement ravi qu’il se mit à danser et la marmotte prétendait apprécier. « Oh, Corbeau, Corbeau, Corbeau, tu danses si bien! elle chanta, Oh, Corbeau, Corbeau, Corbeau, tu danses si bien ! » Ils s’arrêtèrent de tant à autre pour se reposer, et la marmotte dit: « Je prends beaucoup de plaisir à te voir danser. Fermes tes yeux et danse de ton mieux une fois de plus, tandis que je chante. »
Le corbeau ferma ses yeux et sautilla maladroitement, tandis que la marmotte chantait, « Oh, Corbeau, Corbeau, Corbeau, que tu es un beau danseur ! Oh, Corbeau, Corbeau, Corbeau, quel fou tu es ! » Et d’un coup, la marmotte passa entre les pattes du corbeau et se réfugia dans son terrier.
Puis elle se tourna, sortit le bout de son museau et rigola en se moquant, disant « Chi-kik-kik, chi-kik-kik, chi-kik-kik ! Tu es le plus grand des imbéciles que j’ai rencontré. Que tu avais l’air ridicule en dansant ! J’arrivais à peine à chanter, tellement je voulais en rire. Regarde-moi comme je suis grasse. Ne souhaites-tu donc pas pouvoir me manger ? » Et elle tourmenta le corbeau jusqu’à ce que celui-ci s’envole, fâché.