Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage. - Parions, dit la Tortue, que si nous faisons la course, J’arriverai avant vous. - Avant? As-tu perdu l’esprit? - Ma chère, dit le lièvre, Il va falloir revoir votre prétention Et prendre un remède contre la folie. - Sage ou non, je parie encore. Ainsi le pari fut pris.
Notre Lièvre n’avait que quatre pas à faire; Ceux qui l’avaient vu courir racontaient à qui voulait entendre Qu’il était assez rapide pour distancer des Chiens. -Ayant du temps, dit le Lièvre, je reste pour brouter, Pour dormir et pour écouter d’où vient le vent. Il laisse la Tortue avancer doucement. Elle part, elle persévère; Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire; Une victoire contre une Tortue ne rapporte pas de gloire. Il croit qu’il y va de son honneur de partir tard. Il broute, il se repose, il s’amuse à toute autre chose. Comme le Lièvre pense que la Tortue n'est pas un adversaire correct, il la laisse avancer pendant qu'ils se repose. Elle ne va pas assez vite pour le battre.
A la fin, quand il vit que la Tortue arrivait presque au bout du parcours, Il partit comme une flèche; mais ses efforts restèrent vains: la Tortue arriva la première. Eh bien, lui cria-t-elle, n’avais-je pas raison ? A quoi vous sert d’être rapide ? J’ai remporté la course. Et que serait-ce si vous portiez une maison ? La Tortue a donc gagné car le Lièvre était trop confiant.