Un jour, sa mère lui dit : « Tiens, petit Chaperon rouge, voici un morceau de galette et un petit pot de beurre. Apporte-les à ta grand-mère qui est souffrante. Et sois bien sage en chemin, rend-toi, sans détour, chez ta grand-mère. » « Promis maman, je serai bien sage » déclara le petit Chaperon rouge.
« Bonjour, petit Chaperon rouge. Où vas-tu de si bonne heure ? » demanda le loup. « J'apporte de la galette et du beurre à ma grand-mère qui est malade, et je dois me dépêcher car elle m'attend. » déclara le petit Chaperon rouge. « Cette petite fille est appétissante... je la croquerai bien ! Elle doit être meilleure que sa grand-mère que je vais également aller croquer. » pensa le loup.
Le loup salua le petit Chaperon rouge, et se précipita jusqu'à la maison de la grand-mère. Pendant ce temps là, le petit Chaperon rouge, elle, prenait son temps pour s’y rendre. Elle ramassait des fleurs, encore une, puis encore une autre... « Grand-mère sera très contente d’avoir un bouquet de fleurs » pensa-t-elle.
Le loup arriva chez la grand-mère et frappa à sa porte. « Qui est là ? » cria la grand-mère. « C’est moi, le petit Chaperon rouge! » dit le loup. « Je t’apporte de la galette et un petit pot de beurre, ouvre-moi ! » « Tire la chevillette et la bobinette cherra!» cria la grand-mère. « Je suis trop faible et je ne peux me lever. »
Le petit Chaperon rouge arriva à son tour chez sa grand-mère, la porte était grand ouverte et cela l’étonna. Elle salua pourtant sa grand-mère: « Bonjour, grand-mère ! » Mais comme personne ne répondit, elle s’avança jusqu’au lit et écarta les rideaux. La grand-mère y était couchée, avec son bonnet qui lui cachait presque toute la figure. Elle avait l’air étrange.
« Comme tu as de grandes oreilles, grand-mère ! - C’est pour mieux t’entendre mon enfant. - Comme tu as de gros yeux, grand-mère ! - C’est pour mieux te voir mon enfant. - Comme tu as de grandes mains ! - C’est pour mieux te prendre mon enfant. - Oh ! grand-mère, quelle grande bouche et quelles terribles dents tu as ! - C’est pour mieux te manger mon enfant!!! » dit le loup, qui fit un bond hors du lit et dévora le pauvre petit Chaperon rouge d’un seul coup.
Sa voracité satisfaite, le loup retourna se coucher dans le lit et s’endormit bientôt, ronflant de plus en plus fort. Le chasseur, qui passait devant la maison l’entendit et pensa : « Qu’a donc la vieille femme à ronfler si fort ? » Il entra dans la maison et, s’approchant du lit, vit le loup qui dormait là. « C’est ici que je te trouve, vieille canaille ! » dit le chasseur. « Il y a un moment que je te cherche! »
Il allait épauler son fusil, quand, tout à coup, l’idée lui vint que le loup avait peut-être mangé la grand-mère et qu’il pouvait être encore temps de la sauver. Il posa son fusil, prit des ciseaux et se mit à tailler le ventre du loup endormi. Au deuxième ou au troisième coup de ciseaux, il vit le rouge du chaperon qui luisait. Deux ou trois coups de ciseaux encore, et la fillette sortait du loup en s’écriant : « Ah ! comme j’ai eu peur ! Comme il faisait noir dans le ventre du loup ! » Et, peu après, la vieille grand-mère fut délivrée à son tour.
Tous les trois étaient bien contents : le chasseur prit la peau du loup et rentra chez lui ; la grand-mère mangea la galette que le petit Chaperon rouge lui avait apportée, se retrouvant bientôt à son aise. Et quant au petit Chaperon rouge, elle se jura de ne plus jamais parler aux personnes qu'elle ne connaissait pas et de toujours écouter sa maman.