Les enfants dorment encore chacun dans leur chambre. Vers neuf heures et quart, le bruit d'une porte qui s'ouvre lentement, me fait lever les yeux de mon livre. Mon regard se tourne vers le fond du couloir. D'instinct, sans avoir vu laquelle des deux portes est en train de s'ouvrir, je sais que c'est mon Prince Téo! Dans la vraie vie, il n'est pas prince mais, ici, tout m'est permis! C'est moi qui décide et j'ai envie qu'il soit un prince.
Enfin après quelques secondes, qui me paraissent interminables, la porte s'est largement ouverte et la tête de mon Prince Téo, toute ensommeillée, apparaît, au fond du couloir. Il m'aperçoit et, de sa main droite, m'adresse un petit signe plein de douceur. Ce signe annonce quelque chose d'autre. Je m'empresse de le lui renvoyer, mais je ne bouge pas. Je reste là , assis sur ce bout de canapé, de peur de briser la magie de l'instant.
A cet instant dont vous ne pouvez imaginer la magie, il me dit, de sa voix endormie, basse et douce : "Papy, je suis content de te voir!" Ces quelques mots d'un petit prince de sept ans, mon Prince Téo, ne sortiront plus jamais de mon esprit. Tout geste supplémentaire devient superflu et une immense lumière vient éclairer, définitivement, ma journée et ma vie!