-1- Un cadeau fantastique !
Dès que mon corps se réveille et que mes yeux s’ouvrent, je pense à cette journée fantastique qui s’en vient. Ça fait des semaines que j’en rêve. Mon meilleur ami Arto et son père m’emmènent pêcher avec eux.
Pour mon neuvième anniversaire, au mois d’août dernier, mon ami Arto m’a offert cette sortie de pêche. Drôle de cadeau, non? Moi, je trouve ça génial! Il a dû y penser pour m’offrir un cadeau original, car ma mère me force à écrire sur mes cartes d’invitation : « N’apporte pas de cadeau! Seule ta présence me fera plaisir. » - Hein? Tu ne veux pas de cadeau à ta fête? a dit Arto avec un point d’interrogation estampé dans le front. Je me suis senti ridicule, mais j’ai répondu : - Je n’en veux pas, c’est tout! - Ça ne se peut pas quelqu’un qui ne veut pas de cadeau pour son anniversaire!? Ça doit être a mère ou ton père?! Avoue!..
Arto a gardé mon secret – ça, c’est un vrai chum ! – et il a quand même trouvé une façon de me gâter. Il en a parlé à son père qui est un maniaque de pêche et il a écrit dans ma carte : « Pour ton anniversaire, je t’offre une journée de pêche à l’Étang magique! ». Ce jour de pêche est enfin arrivé. Je l’attends depuis tellement longtemps.
Avant de sortir de mon lit, je parcours ma chambre des yeux : ma canne à pêche et mon coffre d’hameçons sont bel et bien à côté de ma commode. Fiou! Cédric ne les a pas cachés. J’ai pris soin aussi d’installer, dans le portique en bas, mes bottes de pluie et mon manteau. Il faudra que j’aille vérifier tout à l’heure si tout est en place. Je dois souvent me méfier de mon petit frère. Je crains toujours qu’il m’embête ou bien qu’il me joue un de ses tours, comme par exemple : cacher mes BD de chevaliers préférées, détruire mes constructions de légos, intimider mes amis et j’en passe.
Aussi, il cherche toujours à mettre la main sur mes jeux vidéo portables. Cette console de jeux, Cédric n’en a pas encore trouvé la cachette. Je le glisse toujours entre mes deux matelas. Y’a que MOI qui peut l’utiliser. Pas touche! Aujourd’hui, Cédric n’a pas été invité à cette sortie de pêche. Il trouvera sûrement une façon de se venger.
-2- Cédric ne rime pas avec pratique !
Cédric est peut-être plus jeune que moi, il a cinq ans, mais il est deux fois plus lourd que moi. Quand il décide de courir en ma direction pour me rentrer dedans comme un taureau, je me déplace. Évidemment, il invente une histoire et raconte que je l’ai poussé contre le mur. C’est toujours moi qui me fais punir pour quoi que ce soit.
En réalité, je souhaiterais avoir un grand frère. Ce serait tellement plus agréable. Un grand frère pourrait jouer au soccer avec moi. Il me montrerait des super trucs pour combattre les dragons aux jeux vidéo et pourrait me prêter ses jouets de « grands ». Non, à bien y penser, un petit frère ce n’est pas pratique. Ce serait vraiment mieux d’avoir un grand frère. Il ne serait pas toujours dans mes pattes et dans mes affaires.
Le réveille-matin indique 6h30. J’ai le temps d’aller flâner un peu avec mes parents. Comme le dit souvent mon père : « Le samedi matin, on prend ça relax! ». P as de : « Dépêche-toi de t’habiller! Va brosser tes dents, vite ! Allez, mange sans flâner! ». Avec un peu de chance, Cédric n’est pas encore arrivé dans leur lit. Je pourrai profiter d’eux un peu.
- Allo P’pa! Où est Maman? - Salut! Elle est partie cette nuit. Il y a eu une urgence à l’hôpital, un ACV! m’informe-t-il. Ma mère, elle est neurologue et elle se spécialise dans les ACV. Quand il y a un cas, c’est elle qui est appelée de jour comme de nuit. Elle m’a déjà expliqué ce qu’était un ACV, mais je me dis qu’en 4e année, je ne suis pas obligé de comprendre des choses compliquées comme ça. Il y a assez des GN, des GNS et des GV que je doive comprendre.
Je sais, par contre, que les ACV sont assez graves et qu’ils touchent le cerveau. Je sais aussi que ma mère, lorsqu’elle est appelée, doit partir immédiatement. Je n’aime pas la voir partir comme ça, mais je suis fier de savoir qu’elle sauve des vies.
Y’a pas deux minutes que je jase de ma superbe journée de pêche qui s’en vient dans le lit avec Papa que je vois débarquer Cédric. Évidemment, Papa ne me voit plus. Ils entreprennent tous les deux un combat d’oreillers. J’en profite pour me sauver. Peut-être que j’aurai le temps d’écouter mes « Super Sonics » avant que Cédric ne réclame ses « Nounours enchantés ».
Après avoir écouté la moitié de mon émission préférée et après avoir mangé le fond de la boîte de céréales que mon frère avait daigné me laisser, je dois terminer de me préparer afin d’être fin prêt pour l’arrivé d’Arto. Je monte à ma chambre en cinq secondes et j’enlève mon pyjama de Spider Man. Je suis loin de me douter, par contre, que c’est à cet instant précis que je vais encore être la victime de mon bourreau de frère.
Découvre la suite de cette histoire dans la deuxième partie !