"Réveille-toi, Tao", lui dit l’inconnu. "La reine t’attend ! " "La reine ?", s’étonna Tao. "Mais je ne connais pas de reine !" "Elle, en revanche, te connaît", poursuivit l’homme en gris, "Et elle m’a envoyé te chercher de toute urgence. Viens, suis-moi !" "Mais qui êtes-vous donc ?", demanda Tao au messager. "Je ne vous ai jamais vu !"
Ils marchèrent un long moment et à l’instant où il croyait atteindre les dernières maisons du village, il découvrit devant lui une ville immense dont toutes les maisons, massées les unes contre les autres, présentaient une forme assez étrange, qui lui sembla vaguement familière. L’inconnu pénétra dans l’une d’elles, plus vaste et somptueuse que les autres. Tao le suivit.
Ils arrivèrent dans une salle immense, où une femme très belle était assise sur un trône majestueux. Elle portait dans les cheveux un diadème, qui scintillait de mille feux. "Merci d’être venu" murmura-t-elle. "Mon royaume court un grand danger et tu es le seul à pouvoir le sauver." Tao se courba dans un profond salut. "Ce sera un honneur pour moi, Votre Majesté", balbutia-t-il. "Je vais te présenter à ma fille" poursuivit la reine d’une voix douce. "Je considère tous mes sujets comme mes propres enfants, mais je tiens à ma fille bien plus qu’à moi-même."
A peine venait-elle de s’installer qu’une dame de la cour entra, toute essoufflée en hurlant : "Le Monstre ! Le Monstre !" La reine se leva. "Voilà le malheur dont je viens de te parler. Je t’en supplie, Tao, aide ma fille. Elle a pour mission de reconstruire une capitale mais sans toi, jamais, elle n’y parviendra."
Tao, sans hésiter une seconde, prit la jeune fille par la main et, ensemble, ils quittèrent le palais discrètement. Pendant des heures, ils coururent sans prendre le temps de retrouver leur souffle. Ils empruntèrent mille et une petites rues tortueuses et parvinrent finalement dans le village de Tao. Là, ils purent souffler un peu.
"Comme il fait calme, ici", soupira Fleur de Lotus, car c’est ainsi que la jeune princesse s’appelait. "Nous sommes loin de tout danger, à présent. » dit Tao. "Où allons-nous bâtir la nouvelle capitale ?" demanda la princesse. "Une capitale ?", demanda Tao, qui n’avait pas très bien compris lorsque la reine lui parlait dans son palais. "Mais je ne pourrai jamais construire une capitale. C’est impossible ! Je ne suis qu’un pauvre paysan. Je n’ai ni pouvoir ni argent."
Il avait dû dormir longtemps, car le soleil se trouvait maintenant fort bas sur l’horizon. Bien qu’éveillé, Tao entendait encore la voix suppliante de Fleur de Lotus qui semblait s’éloigner. En vérité, c’était un essaim d’abeilles. Elles semblaient perdues et tournaient en tous sens autour des fleurs du jardin. "Pauvres bêtes", pensa Tao. "Elles n’ont pas de ruche ! Je vais leur en faire fabriquer une."
Il partit se promener dans le village. Arrivé à hauteur de la dernière maison, il découvrit dans un jardin une ruche abandonnée. "J’ai trouvé des abeilles chez moi", dit-il à l’homme qui vivait là. "Ne sont-elles pas à vous ?" "C’est possible", répondit l’homme. "Elles ont dû fuir", ajouta-t-il en ôtant le couvercle de la ruche. Comme il se penchait, il y découvrit un serpent : "Oh ! Le monstre de mon rêve ... !", se dit-il.